DISQUES ROCK
Critiques de disques rock
09 mars 2007

Jean-Pierre Danel : Guitar Connection 2 : retour gagnant.

On attendait depuis plusieurs mois la suite du succès surprise de l'été 2006, "Guitar Connection". Jean-Pierre Danel avait surpris son monde en produisant et en interprétant un album instrumental, assorti d'un dvd de méthode, qui raflait un disque d'or et squattait la première place du Top 50. Du jamais vu !

Il faut dire que l'homme n'en est pas à son galop d'essai : auréolé de deux Grammy Awards aux USA, d'un album en compagnie de Clapton, BB King et Santana, et de quelques millions de disques vendus, Danel est même cité aux USA parmi les 15 plus grands guitaristes du monde !

Huit mois donc après la déferlante de pub qui a accompagné le premier album, voici le volume 2 tant espéré. Et on est pas déçu ! L'album est simplement époustouflant ! Le jeu, le son, les standards, l'utilité du dvd...tout y est. Qualité et quantité ? En gros, oui !

L'album s'ouvre par un medley d'une efficacité qui va vous laisser collé à votre siège. Yes, Deep Purple et AC/DC ont pour la première fois rendez-vous ensemble, et ça dépote ! Danel joue les parties mélodiques originellement chantées avec un feeling et une qualité d'expression toute en finesse et en efficacité, mais il s'attarde surtout sur les riffs d'acier trempé de ces standards du rock lourd et sur des solos dont les envolées sont parfois exceptionnelles. Celui de "Owner of a lonely heart" lui vaudrait bien un Grammy aux Etats-Unis.

"Live and let die" de McCartney est un petit bijou. Couplets à la guitare classique, sensibles et chics, et à l'arrivée du thème principal : la claque ! Symphonique et rock font des étincelles...

Suit un second medley, avec un "Satisfaction" réussi mais qui n'est peut-être pas le point fort du disque, suivi par "My Sharona", qui va vous décoller les tympans (Michaël Youn en paraîtrait presque sage à côté !), et par un "Money for Nothing" d'anthologie, où le solo rivalise aisément avec un Knopfler qui serait dans sa meilleure forme.

"My song of you" reste lui aussi instrumental. Voulzy et Danel, complices depuis des années comme vous l'apprendrez dans le dvd, jouent sur l'émotion. Pari réussi, même si on est quand même loin de l'esprit rock de l'album. Mais le toucher de la ligne mélodique de Danel est tout simplement sublime. Et quel son !

"Hôtel California" ne réserve pas de surprise, au sens où le solo fleuve est repris de façon rigoureusement identique. Mais qu'auraient dit les puristes si un français avait changé la moindre note de cet hymne US des 70's ? Un titre de bonne facture, bien senti, mais sans sens de l'aventure.

"Nivram" est un duo jazzy avec l'idole de Danel : Hank Marvin. Les jeunes générations françaises ont sans doute perdu la notion de ce que peut représenter cet homme qui influença tout ce qui suivit son groupe, les Shadows. Pink Floyd, Police, Queen, Dire Straits, Mike Olldfield, Clapton, McCartney et à peu près tous les autres se réclament de lui. Le pape de la Stratocaster, qu'il fut le premier à posséder en Europe. Une consécration internationale pour Danel donc. Et un plaisir pour nous de voir ressortir des tiroirs ce thème fluide et aérien.

On reste dans les 60's avec les deux titres suivants, "While my guitar gently weeps" et "Come together", hommages appuyés et réussis aux Beatles, dont le premier comporte un duo avec Pascal Danel, le père de l'interprète de l'album, vedette yéyé aux tubes gravés dans l'inconscient collectif, dont on apprend qu'il a débuté dans un groupe de rock en 62. Dans "Come together", le fils se fait plus rock qu'à aucun autre moment de l'album, et là, attention, rangez vous : ça déchire ! Deux solos pour le prix d'un, et vous n'avez pas fini d'astiquer votre manche pour les travailler... De la très haute voltige, maîtrisée avec le sourire dans le dvd. Ca calme.

"Peter Gunn theme" nous offre un beau solo...de saxophone ! (et un son de guitare infernal !). "Toute la musique que j'aime" est une surprise réussie, où Danel montre ses qualités de bluesman dynamique et mélodique. Etonnant et sympathique.

"Il était une fois dans l'ouest" ne contient qu'un court passage de guitare, mais le thème vaut le détour pour l'orchestre et l'ambiance spaghetti. Police est ensuite à l'honneur - c'est opportun puisque le groupe se reforme après 24 ans de séparation - avec un "Every breath you take" dont le solo final vaut son pesant de Gary Moore. "The rise and fall of flingel bunt" est le second hommage aux Shadows de l'album. Un titre très 60's et très solide.

Danel s'aventure ensuite à un jeu dangereux : 5 minutes d'improvisation de blues. D'autres l'ont fait (et bien fait) avant lui. Pas si facile d'être interessant tout du long, mais il y parvient avec talent : son parfait, feeling, idées subtiles, clichés assumés mais souvent remis à neuf, et clins d'oeil Claptoniens. Pas vraiment nouveau mais classe.

"Sea socks and sun" vous donne envie de conduire sur la Route 66 jusqu'à la nuit, et, suite logique, "Night Fall" qui clot l'album, est une pièce superbe et émouvante, pour un final plus intimiste, composé, comme les deux titres précédents, par un Danel en forme.

Bref, si vous êtres fan de Greenday ou de Marilyn Manson, ce disque est peut-être un peu soft, mais si vous êtes un amateur de rock et de pop, vous allez être comblé !

Et si vous vous voyez en futur guitar-hero, le dvd vous montrera les plans qui tuent, au ralenti, avec et sans musique, avec tablatures en ligne sur www.jeanpierredanel.com. Les bonus sont à la fois sympas et instructifs, avec du blues acoustique dans un long duo Danel/Marvin. On apprend au passage que le volume 3 de "Guitar Connection", prévu cet été, sera aussi vocal (et la démo sonne !). 2h30 de programmes devant lesquels votre petite soeur va s'endormir mais que le fan de guitare que vous êtes va dévorer !

Du travail de pro !

Olivier Gardet



Jean-Pierre Danel : Guitar Connection 2 (cd+dvd) Sony/Bmg Music