Le jeu de Jean-Pierre Danel et ses guitares

Analyse de son jeu de guitare dans l'encyclopédie de la guitare électrique

Divers aspects rendent le jeu de Danel très personnel et identifiable. D'abord, bien entendu, son toucher et sa maîtrise technique. L'Instrumental Rock Guitar Hall Of Fame, qui lui remit deux awards aux USA en 2000, décrivait son jeu comme "fin et brillant".

Son phrasé très complexe et parfaitement maîtrisé est appuyé par une technique à la fois remarquable et originale. Autodidacte et sans la moindre notion de solfège, Danel a par la force des choses a mis au point des techniques et astuces qui lui sont propres, même si une partie de son jeu de base en son clair s'inspire beaucoup de celui de Hank Marvin des Shadows.

Ces particularités sont visibles dans ses dvd de méthode. Elles se décomposent principalement ainsi :

- Il joue le plus souvent en tenant le vibrato dans la paume de la main, à la façon de Hank Marvin et de Jeff Beck (qui s'inspira lui-même de Marvin...). Il manie cet accessoire délicat avec une étonnante précision, et alterne coups de vibrato avant et après la note, en montant et en descendant. Tout un art.

Laurent Voulzy, qui a enregistré un duo avec Danel, parle d'ailleurs avec admiration de cet aspect du jeu de Danel.

"Il tient le médiator de façon originale : entre le pouce, l'index et le majeur, ce qui lui permet divers effets inattendus, comme par exemple de pincer les cordes à la façon du slap des bassistes, sans pour autant lâcher le médiator...

Il joue également beaucoup avec les doigts, mélangeant subtilement des techniques dérivées du picking et des jeux de Knopfler et Clapton. Il slape aussi avec le pouce de la main droite, en le retournant face à la corde. Inhabituel !

Il utilise fréquemment des plans appuyés par le jeu avec des cordes à vide, donnant ainsi un impact, un sustain et une résonnance particulière à ses notes.

Il joue certains plans en doubles voire triples cordes, harmonisant la phrase et renforcant le sustain à l'aide du vibrato.

Il utilise un effet rare : la pédale de volume, dite dans ce cas pédale d'expression. Il s'agit de jouer la note juste avant son placement souhaité, avec le volume maintenu à zéro, puis de monter le son progressivement, obtenant ainsi un sifflement proche du violon... Inutile de dire combien la mise en place et le feeling tiennent alors de la quadrature du cercle ! Et lorsqu'il y ajoute les effets complexes du vibrato...

Il cumule tous les types d'approche de la note : hammering, tapping, vibrato à la main gauche, glissés, bends en montant et en descendant, résonnances à vide, harmoniques, pression des cordes au delà du sillet, sweeping, vibrato de la main droite, etc.

Ses sons saturés sont relativement standards mais toujours de grande qualité. La réelle surprise vient de ses sons clairs : une brillance, une attaque et un sustain qui lui permettent toutes les subtilités. Il est rare qu'un guitariste n'ait pas à se cacher derrière les facilités de la saturation et puisse, avec une simple reverb, se montrer tout aussi efficace. Ces éléments cumulés peuvent définir la base du jeu de Jean-Pierre Danel. Son toucher ne peut bien sûr pas vraiment s'illustrer par écrit...

Son matériel est sensiblement orienté vintage et presque exclusivement Fender. Amplis Fender Hot Rod Deluxe et Bassman, Vox AC30 et Quad Mesa Boogie.

Ses guitares (uniquement des Stratocasters: il en possède plus de 40 ) sont des modèles emblématiques : un modèle originale de 1954 (oui, original, pas une re-issue ou même un custom shop ) qu'il a nommé "Miss Daisy", une '56, d'époque elle aussi, baptisée "La Marquise", une série L de 1964 et deux Signature Clapton sont ses instruments de prédilection. On trouve aussi quelques Custom Shop, des modèles 70's, Japon, etc... Presque un musée de la Strat.