Interview pour « guitar.com » - Septembre 2002

(NB : certains chiffres évoqués dans cette interview sont depuis dépassés



Rencontre avec
Jean-Pierre DANEL
Interview réalisée par Thierry Lorin

Jean-Pierre Danel, guitariste émérite, fils d’un Danel célèbre (Pascal…), est aussi un producteur qui compte et un musicien complet. Malgré ses 34 printemps, il fête déjà cet été 20 ans de métier… Rencontre avec un artiste au parcours original et plein de surprises…

Il nous a déjà livré plus de 35 opus, où son jeu lumineux nous fait voyager à travers toute l’histoire du rock et de la pop. Fort de plusieurs disques d’or, de deux awards aux USA, et d’une participation remarquée à un album au profit de l’Unicef, aux côtés, s’il vous plait, de Eric Clapton, Santana, Al Di Meola, Popa Chubby, Stanley Jordan et BB King, il rebranche sa Stratocaster vintage pour trois albums simultanés qui caracolent en tête des ventes du genre sur le net…

Interview décontractée de quelqu’un à qui la réussite ne monte visiblement pas à la tête…

 

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-Quel regard portez-vous sur ces 20 années de métier (vous n’aimez pas le mot de carrière je crois…) ?

-Ca n’est pas que je ne l’aime pas, c’est qu’il est parfaitement inapproprié : je n’ai fait aucune carrière… Je n’ai d’ailleurs jamais cherché à le faire. Simplement, mes premiers enregistrements et concerts ont 20 ans cette année, ça se limite à ça. Ca ne constitue pas une carrière du tout. Je n’ai jamais eu un succès populaire ou une notoriété grand public. Il y a juste, dans le petit monde de la guitare rock instrumentale, un certain nombre de gens qui ont de l’affection pour ce que je fais de temps en temps. J’ai eu quelques albums dont on a pu voir la pub à la télé, et qui sont entrés au Top 50, dans le meilleur des cas. Ca ne suffit pas à parler de carrière, ce serait ridicule. Juste un petit passage de temps en temps, remarqué par une catégorie bien précise d’amateurs. Un petit truc que quelques-uns uns goûtent avec plaisir, mais c’est tout. Et en plus, c’est beaucoup lié à la fascination générée par les Shadows sur ce monde là. La production occupe depuis la fin des années 80 au moins 98% de mon temps. La guitare est mon bol d’air frais, mais il ne se présente que de temps à autre, il ne constitue en rien un plan de carrière publique, même si j’adore ça. Personne ou presque ne me connaît hors de la profession et des gens qui s’intéressent à la guitare. Mon seul parcours réellement suivi est celui de producteur…

 

 

-Mais quel regard portez-vous, donc, sur ces « petits passages » ?

-Pour être franc, je ne les avais jamais reliés entre eux. C’est Gérard Roussel, du fan-club français des Shadows, qui m’en a fait prendre conscience il y a deux ou trois ans, en préparant une vaste rétrospective. Pour moi, il y a avait un album par-ci, un titre par-là. Même si je réfute le mot de carrière, je reconnais que le cumul dans un même sens artistique crée, à force, une certaine unité. Quand je fais le point aujourd’hui, c’est un mélange de plaisir et d’insatisfactions. Insatisfactions à cause des trop nombreux défauts que je trouve à mes enregistrements, et aussi parce que la pression des maisons de disques m’a fait enregistrer des choses dont j’aurais mieux fait de me passer parfois. Mais du plaisir aussi, parce que j’aime ce type de musique, même si c’est moins bien que les Shadows ! Je suis assez souvent content d’un solo ici ou là, ou de la production de tel ou tel titre, mais extrêmement rarement d’un morceau dans sa totalité. Je devrais faire une compilation des meilleurs extraits !

 

-Quel est votre principal regret concernant vos enregistrements ?

-De ne pas pouvoir y consacrer le temps nécessaire, et, non pas de les bâcler, mais de ne pas les soigner suffisamment. Je suis plutôt perfectionniste, or je crois qu’aucun de mes titres n’est sans défaut réel au niveau du jeu de guitare. Je suis clairement capable de mieux, mais j’enregistre toujours dans un stress total parce que je suis trop bousculé par mon emploi du temps. J’ai généralement 10 ou 15 minutes pour enregistrer la guitare lead d’un morceau. Un ou deux passages pour régler le son, et la prise elle-même. S’il n’y a pas de fausse note, on la garde, malgré les défauts. Résultat, il y a parfois un petit quelque chose qui accroche ici ou là, et sur le moment, je m’en contente, parce que je suis soulagé d’avoir pu boucler le titre dans les temps. Mais après, je le regrette pour toujours…Je fais trop de choses à la fois. Stratospheric par exemple a été bouclé en 9 jours exactement, tous instruments de l’album compris. Ceux pour lesquels on passe le moins de temps, ce sont les guitares, parce que généralement la première prise est complète et acceptable. C’est très, très peu de temps passé pour soigner les choses. Trop peu. Mes productions sont nettement plus soignées en général que mes propres disques !

 

-Admettons que le jugement sur la qualité soit une question d’appréciation, mais réalisez-vous quand même l’impressionnante quantité de ce que vous avez réalisé en quelques années ?

-Comme producteur vous voulez dire ? Ah oui, quand je vois mon état de stress, je m’en rends compte ! La dernière fois que j’ai pris plus qu’un week-end de vacances, c’était cinq jours à New York en janvier 1995…C’est vrai que comme producteur, j’ai participé à plus de 900 disques. Mais j’aurais préféré en produire un seul, et que ce soit Sergent Pepper des Beatles !

 

-C’est incroyable aussi le nombre d’albums personnels que vous avez sortis…

-Il y en a beaucoup, c’est vrai. C’est lié aussi à la demande des maisons de disques, qui aiment bien sur-compiler tout et n’importe quoi…Tant que les résultats commerciaux seront là, l’offre des maisons de disques sera au rendez-vous. Après, ça s’arrêtera net !

 

-Les concerts ne vous manquent-ils pas ?

-Oh ! si, j’adorais ça. Mais il y a beaucoup de contraintes aussi. On est loin de chez soi, on vit dans des chambres d’hôtel impersonnelles, et il y a tous ces problèmes techniques que les gens dans la salle ignorent mais qui vous ont empoisonné la journée !

 

-Votre meilleur souvenir sur scène ?

-Il y en a pas mal. Le Liban, c’était rigolo. Très décalé disons. Il y a une période de concerts en province aussi, où il y avait un tas de gamines totalement hystériques, qui hurlaient tout le long. J’ai une cassette audio de l’un d’eux, c’est impressionnant. On était en pleine « Bruelmania », et, même si nous n’avons vraiment aucun rapport, à défaut du vrai, elles se sont contentées des miettes !! N’importe quel type monté sur des planches aurait fait l’affaire !

 

-Comment réagissez-vous aux bonnes critiques de la presse spécialisée parues dans de nombreux pays, notamment sur Stratospheric ?

-Très bien !! Bon, c’est flatteur bien sûr. Mais je connais trop les petits défauts du disque pour me laisser tomber dans l’auto-satisfaction. Mais disons qu’un peu de reconnaissance ne nuit à personne. Le tout est de savoir faire le tri.

 

-La chose qui vous a le plus fait plaisir, c’était quoi ?

-Je ne sais pas…Il y a eu un article en Angleterre récemment où il est dit que ma version de « Parisienne Walkways » explose toutes les précédentes, y compris donc celle de Gary Moore…C’est pas mal, ça ! Sinon, en dehors des bonnes critiques, c’est peut-être le fait qu’on me demande un titre pour Les Masters de la Guitare. On m’a appelé pour me demander « One More Blues », et, franchement, être au milieu de Clapton, Santana et Stanley Jordan, ça donne le moral !! Mais bon, ça reste anecdotique quand même. Le prix de l’Instrumental Rock Guitar Hall of Fame, c’est rigolo aussi. Je reçois également des lettres qui sont parfois assez surréalistes !

 

-Comment jugez-vous votre jeu de guitare ?

-Franchement, je vous assure, je n’ai jamais réfléchi à ça ! Je pense que je suis un gentil guitariste, qui fait plutôt bien ce qu’il a choisi de faire, en évitant ce dans quoi il serait ridicule ! Bon, allez, disons un pas mauvais guitariste dans ce qu’il fait, mais pas doué en tout. Je fais proprement ce que je me propose de faire.

 

-Vous êtes modeste…Vous êtes un guitariste brillant, et très apprécié…Et votre avis sur le jeu de Hank Marvin ?

-Ah ! là, bien sûr, c’est très différent. Je l’ai bien étudié, et, sans me vanter, bien compris je crois (à défaut de savoir refaire fatalement aussi bien !). D’abord, Hank et ses collègues (qui sont d’immenses musiciens, et j’insiste là-dessus), ont avant tout inventé quelque chose. A chaque fois que je discute des Shadows avec quelqu’un de leur génération, ils disent tous la même chose : on avait jamais entendu un truc pareil. Tout est là. Hank n’est sans doute pas le plus grand technicien au monde – quoi qu’il ait un niveau impressionnant, mais il y a quelques furieux dans le jazz comme Sylvain Luc par exemple, qui sont des ovnis. Mais il a un feeling, un sens mélodique, une subtilité dans l’expression qui est, je pense, assez unique. Il a influencé tout ce qui a suivi dans le monde pop/rock. C’est en ce sens un des éléments fondateurs de la musique moderne. Un des pionniers en tout cas. Il est essentiel de ce point de vue. Les Beatles, Queen, Dire Straits, Police, Jeff Beck, Mike Oldfield, Led Zeppelin, les Who, Jimi Hendrix, tous ces gens clament depuis toujours que Marvin est un exemple et souvent leur influence fondamentale. Ca n’est quand même pas par hasard. Ecoutez leurs albums live des 70’s, vous allez tomber à la renverse. Vraiment. Clapton a même déclaré plusieurs fois que les Shadows étaient « le groupe rock idéal » …La portée de leur carrière nous échappe totalement en France : plus de 60 singles dans les charts anglais, dont 12 N°1, plus une soixantaine d’albums entre 1958 et 1990, sans parler des compils depuis leur séparation, de leurs disques en solo et des compositions et productions des divers membres du groupe pour d’autres artistes (« Grease » - rien que ça ! -, Cliff Richard – le plus gros vendeur de disques là-bas depuis plus de quarante ans, une idole nationale, mélange de Johnny et Cloclo, et aussi le groupe A-ha, et d’autres encore …Sans parler de duos avec Queen, Paul McCartney, Dire Straits, etc.). Marvin était encore dans le Top 10 anglais au printemps dernier, comme avec chaque album. Ca fait 44 ans que ça dure. Il ne peut plus s’agir de hasard…

 

-Vous le connaissez bien ?

-Disons plutôt que je l’ai bien connu, lui et les autres Shadows. Mais nous sommes restés 15 ans sans nous voir, alors la dernière fois que j’ai croisé Bruce Welch, c’était plus anonyme. Mais outre diverses rencontres à l’occasion de concerts, j’ai assisté à deux tournages télé, qui se sont déroulés l’un sur trois jours, l’autre sur cinq. C’est un souvenir merveilleux pour moi.

 

-Comment obtenez-vous votre son ?

-Quel son ???

 

-Le son que les anglais de Pipeline Magazine appellent  « That Sound » à propos de « Ballad for a Friend » ?

-Vous savez, ce son là, c’est une copie de quelques variantes de Marvin. Un mélange de ses différentes époques, avec une petite touche personnelle. Disons qu’une Strat ’56 avec un Vox ’63, ça fonctionne pas mal ! Sur beaucoup de mes disques précédents, mon son était assez quelconque. Quand j’ai eu cette guitare, ça s’est amélioré. Je reconnais quelques idées sympathiques dans certains solos, qui tirent un bon parti de ce type de sonorité. Pour le reste, il y a bien une question de toucher, de façon de jouer, c’est vrai. Je tiens le médiator assez bizarrement (au bout des doigts tendus, et non repliés : pouce, index et majeur), et je joue la plupart du temps avec le vibrato dans la main, tout ça influe sur le son. Mais bon, ça n’a rien de très exceptionnel. Mais comme ce genre d’expression guitaristique se perd un peu, ça impressionne ceux qui ont perdu toute connaissance de ce type de jeu. Ca semble inhabituel. Je suis totalement surpris de voir que des gens passent des heures à comparer les différentes versions de mêmes titres que j’ai pu enregistrer à des périodes différentes. Ca ne me semblait pas une question vitale !

 

-Vous êtes très critique avec vous-même, non ?

-Non, non. Ca n’est pas de la fausse modestie si c’est ce à quoi vous pensez. C’est juste que j’ai de bonnes oreilles et que je sais tout ce que je n’ai pas assez soigné ou pas pu faire pour être aujourd’hui irréprochable.

 

-Mais avez-vous conscience que des gens apprécient réellement ce que vous faites ?

-J’ai déjà un peu de mal à avoir conscience que j’ai fait tous ces disques ! Bon, je suis ravi de découvrir des gens qui écoutent ça comme si c’était, je ne sais pas, des disques vraiment sérieux. Mais moi j’ai vu ça comme des petits essais, des ébauches. Certains titres ne sont que des maquettes, et ont été publiés quand même…Après réécoute, parfois, avec le temps, je comprends mieux et je suis plus indulgent. De temps en temps ; ça me prend, et j’écoute un de ces disques comme il faut, et j’essaie d’en percevoir les qualités. Mais ça m’épate toujours de savoir que des gens font tourner ça en boucle sur leur platine !

 

-Vous ne vous sentez pas totalement artiste ?

-Si. Enfin, peut-être moins qu’à une époque. Mais bon, je ne nie pas ça, du tout. Mais simplement, je ne vois pas de disque véritablement marquant dans mes enregistrements. Je peux être satisfait de tel ou tel titre, ou même content d’un passage en particulier, mais bon, je ne vois pas un album complet vraiment remarquable, c’est ce que je veux dire. Quelques solos sont quand même assez réussis sans doute, oui…J’ai fait ces disques sans objectif particulier. Avec un réel plaisir, mais sans penser que qui que ce soit les écouteraient un jour. Sans quoi, je n’aurais pas laissé passer autant de défauts ! Mais visiblement, je dois l’avouer, il y a un certain nombre de gens qui sont moins critiques que moi !

 

-Vous sortez et vendez pourtant des disques régulièrement depuis des années ?

-Oui. Et j’en suis le premier surpris. Chaque fois, je crois que c’est le dernier ! Quand les maisons de disques s’en occupent un peu, ces disques trouvent leur public, c’est vrai. Certains se vendent même très bien. Mais j’ai, sincèrement, beaucoup de mal à réaliser que des gens les attendent et les écoutent. Mais il y en a, sans quoi aucune maison de disques ne sortirait plus mes albums.

 

-Il y a donc plus que du hasard ou de l’indulgence…

-Oui, oui, sûrement. Mais bon, je n’ai pas fait les choses comme je l’aurais voulu, c’est ça qui me rend un peu critique. Je sais tout ce qui aurait dû –et pu – être mieux. Mais je suis quand même content de certaines choses. Je ne renie rien. Disons : pas trop mal mais peut mieux faire…

 

-L’Instrumental Rock Guitar Hall Of Fame, outre deux prix qui vous ont été décernés (album et compositeur de l’année), a classé deux de vos titres parmi les 100 plus grands enregistrements de guitare instrumentale du siècle…

-Oui…C’est quand même très disproportionné en terme d’impact. Un disque comme « Apache » a retourné toute une génération en 1960. Même si on peut trouver mes deux titres en question réussis, ils n’ont rien bouleversé dans l’histoire de la musique. C’est incomparable. Ils ont simplement la qualité de beaucoup plaire à des fans de guitare, c’est très différent. Mais déjà bien.

 

-Vous avez d’ailleurs de nombreux fans, dans plusieurs pays…

-J’ai constaté ça, oui. Internet a beaucoup fait à ce niveau là. Les disques et les informations voyagent mieux.

 

-Savez-vous que des gens font des spectacles avec vos playbacks ?

-Il y a une série de 4 cd avec des playbacks de mes titres, oui. Un genre de Karaoké à la guitare. Mais je ne savais pas que des gens les utilisaient en live.

 

-Le fait de privilégier l’instrumental vous donne plus facilement une audience internationale, j’imagine ?

-C’est certain. Et puis, il y a cette espèce de filiation avec les Shadows, parce que je leur ai souvent rendu hommage sur disque, et parce que certains savent que je les ai pas mal connus. En Angleterre par exemple, ça joue beaucoup. Ils ont tellement marqué là-bas, un peu à l’image de Claude François ou de Johnny chez nous. Ils ont un nombre incroyable de fan-clubs, et tous ces gens me considèrent un peu comme de la famille. Par extension, ils s’intéressent à ce que je fais.

Aux USA, le fait d’avoir repris avec un certain succès, sur le net en tout cas, le titre phare des Ventures (les Shadows américains) m’a attiré beaucoup de sympathie et d’intérêt aussi. De toute façon, c’est un genre musical qui fascine des gens dans tous les pays du monde, jeunes y compris. Pas la majorité de la population, mais suffisamment pour que le marché mondial soit conséquent.

 

-N’êtes-vous pas gêné par le fait que les références principales de ce type de musique remontent aux années 60 ? Ne craignez-vous pas de vous fossiliser un peu, de ne pas évoluer ?

-Vous avez raison, c’est un vrai problème en effet. Si bons qu’aient été les gens de cette époque, ça date tout de même de plus de quarante ans, et il s’est passé bien des choses depuis. D’un autre côté, on oublie parfois que pendant ces quarante années, ils ont eux aussi évolué, et proposé de nouvelles choses. La base, de toute façon, reste rock’n’roll/pop, et ça ne changera pas, à moins de glisser vers le jazz, qui n’est pas un genre nouveau en soi non plus…Le R’n’B ou la techno laissent peu de place à la guitare instrumentale, alors ces bonnes vieilles bases restent les standards de ce style de musique. Il n’y a pas vraiment d’échappatoire, à priori…Le tout est d’essayer de se renouveler malgré tout, en gardant des repères communs qui sont le fondement même du genre. Ou de créer un tout nouveau genre musical, ce qui serait un défi intéressant, mais dont je ne me sens pas investi !

 

-N’avez-vous jamais été tenté de vous consacrer uniquement à cette activité, en entamant cette fois-ci une véritable carrière suivie en tant qu’artiste, centrée uniquement sur vos enregistrements de guitariste solo ?

-Oui et non. Ca m’amuserait, mais franchement, le reste m’amuse aussi. Mon ego ne va pas jusqu’à me sentir frustré si je ne suis pas en photo dans un journal. Mais l’aspect concerts et enregistrements confortables, ce serait sympa bien sûr. Mais je suis trop perfectionniste. Si je me lançais véritablement et uniquement là dedans, je voudrais que chaque détail soit irréprochable, et ce ne serait dans doute pas rentable. De toute façon, mes disques se sont faits un peu par hasard au début, et je les ai toujours vus comme un à côté. Et puis, je ne souhaite pas abandonner la production.

 

-Certains de vos enregistrements font référence. Votre version de « The Rise and Fall of Flingel Bunt » est unanimement saluée, et s‘est classée N°1 sur internet. Racontez-nous comment elle est née ?

-C’est un morceau des Shadows que j’ai toujours bien aimé. J’ai puisé ce qui me plaisait le plus dans leurs différentes versions, et j’ai ajouté quelques bricoles à ma sauce. Le résultat a du punch. Sur le net, le titre a fait impression auprès des fans des Shadows, qui me suivent déjà depuis un moment. Je l’ai enregistré à la maison, avec Olivier Unia, le bassiste de Gérald de Palmas. J’ai joué les parties lead avec ma Strat ’56 sur mon Vox, et la rythmique avec une Strat ’79 sur un préampli Boogie Quad. On m’en parle souvent, c’est vrai.

 

-Votre version de « Come Together » est énorme ! Elle a d’ailleurs elle aussi décroché le N°1 sur le net. A quand un album consacré aux Beatles (pour changer un peu des Shadows !) ?

-Je sais que ce titre plait bien, et c’est aussi un de mes préférés. J’adore les Beatles, vraiment. J’adorerais faire ça. Mais c’est beaucoup de travail, car énormément de choses ont déjà été faites sur ce répertoire. Il faut bien se pencher sur la question pour que ça ait un réel intérêt. Encore un problème de temps donc…

 

-Parlons un peu technique : vous n’utilisez que des Strats ?

-Oui. C’est un automatisme. Les quelques fois où j’ai joué sur autre chose, je ne me sentais pas à l’aise. Avec une Strat, je me sens à la maison. C’est une guitare fantastique de simplicité et d’efficacité. J’en ai une grosse vingtaine : une vintage de 1956 (avec un manche piqué sur une autre contemporaine), un modèle Clapton, un modèle Marvin, une Custom Shop Mary Kaye 1956, une Anniversary 1979, une autre strat ’79, des modèles 71 et 74, plusieurs Fender re-issue (’57 et ’54), plusieurs Fender Japon, dont une avec des micros Texas Special, une Strat + Deluxe, etc…La panoplie complète ! J’ai quand même une Telecaster ’66 dans un coin. Je louche sur une Strat série « L » de 1963 ces temps-ci, mais elle n’est pas à vendre pour le moment…Je joue principalement sur ma ’56, et aussi, pour les sons saturés, sur la Clapton. En rythmique, j’utilise pas mal le modèle de 1979. Mais pour les solos, la ’56 reste imparable à mon avis.

 

-Dans « Late Evening in a Club », vos deux solos justement, sont remarquables…

-Merci ! C’est de l’improvisation répétée. Je tourne le titre en essayant des choses, et je me rapproche petit à petit des idées définitives, qu’on garde quand elles sont abouties. Mais le tout se fait en deux ou trois prises grand maximum. Beaucoup de solos plus simples sont totalement improvisés par contre.

 

-Dans « Wooden Leg Stomp », votre maîtrise du style rock’n’roll est époustouflante !

-Merci ! Merci !! J’y ai mis quelques plans que j’aimais bien, piqués dans mes propres morceaux précédents, ou inspirés d’ailleurs. Le son de la guitare est pas mal, mais la production a pas mal de défauts à mon avis. Ca reste efficace quand même, et le titre plait bien.

 

-Votre nouvelle version de « Mission Impossible » fait très fort également…

-Je suis quand même un peu moins enthousiaste que vous... La production est bien, oui, mais la guitare pêche un peu à mon avis…Je n’ai fait qu’une prise de ce morceau, et certains effets sont un poil maladroits je pense. Les idées sont bonnes, mais exécutées avec quelques petits accros qui m’énervent quand je l’écoute. Mais il parait que suis le seul à les entendre…

 

-Dans un genre différent, j’aime beaucoup votre solo jazzy dans « Mini Skirt »…

-Honnêtement, celui-là, je l’aime bien aussi ! Mais j’ai ramé un peu quand j’ai dû répéter le playback pour un passage télé !

 

-Les harmonies de « Night Fall » sont extraordinairement complexes, non ?

-Extraordinairement est un peu exagéré quand même ! Disons que je m’étais un peu creusé la tête de ce point de vue à l’époque, je me souviens. C’était il y a pas loin de vingt ans, et j’avais plus de temps que maintenant…

 

-Et celles de « A Story of Love »?!!

-Mais vous les connaissez par cœur !?! Oui, celles là sont particulièrement tordues. J’ai fait ce morceau en utilisant trois open-tunings différents, d’où le casse tête si vous voulez le rejouer en une fois… C’est simplement impossible… !

 

-Votre titre « Midnight Rockin’ » est devenu cette année l’habillage musical de la télévision nationale en…Lethonie…Comment cela s’est-il passé ?

-J’ai tout simplement reçu une demande il y a quelques mois. Il figure sur un coffret qui doit bien se vendre là-bas. Ce qui est drôle, c’est qu’au départ, j’avais écrit ce titre pour le générique d’un projet d’émission télé pour M6, en 1987…L’émission ne s’est finalement pas faite, le titre est sorti sur disque plusieurs années plus tard, et le voici revenu à la télé malgré tout…

 

-En 1997, vous avez été parmi les précurseurs de la « French Touch » avec votre remix d’ « Apache »…

-C’est drôle, on me dit ça, presque respectueusement maintenant, de temps en temps, mais à l’époque, BMG avait trouvé le projet ringard, trop typé disco, et m’avait demandé de faire faire un remix plus techno… La version que vous qualifiez de « French Touch » est finalement restée N°2 des charts sur le web pendant un mois, mais en …2001 !

 

-Quel chorus à la fin du titre !

-Merci. La guitare sonne bien, oui.

 

-Vous pensez que le mélange guitare rock/production dance est un genre d’avenir ? Vous l’avez expérimenté depuis 1994 avec des compositions comme « Western Ridin’ » ou « All Right » …

-Je ne sais pas. Ces essais étaient un peu involontaires. J’ai utilisé des samples de Madonna que m’avait donné le producteur de ses remixes à l’époque. Plusieurs DJ me demandent de travailler sur un projet dans ce sens. C’est simplement une question de disponibilité.

 

-Vous avez aussi enregistré des choses surprenantes, comme cette version de « L’Idole des Jeunes », qui plait tant à nos confrères brésiliens de l’Instrumental Newsletter…

-J’ai lu ça, oui. Des choses surprenantes, et surtout, pas toujours indispensables ! A un moment, la pression pour sortir des albums a été telle que, n’ayant pas le temps matériel d’enregistrer de nouvelles choses, j’ai dû recycler des playbacks d’anciennes productions et y ajouter des guitares lead. C’est le cas pour ce titre, qui était une version destinée au karaoké au départ. Comme il est connu dans le monde entier (« Teenage Idol » en anglais), je me suis dit que ça pourrait évoquer quelques souvenirs un peu partout…

 

-J’ai lu sur le net que vos disques étaient diffusés dans 34 pays ?

-On peut le voir comme ça, en effet, mais ça se joue surtout par le biais de l’export. Dans beaucoup de ces pays, les ventes sont anecdotiques. Certains de mes albums ont été classés au Top 50 à une époque, ou plus souvent depuis dans les charts sur « Amazon. com », en Angleterre, aux USA, en France, Belgique, Pays Bas, Allemagne, Espagne, Autriche et au Japon. Le reste, c’est quelques ventes par-ci par-là.

 

-Vous avez travaillé avec les plus grands musiciens français, dès votre adolescence. Comment cela se passait-il à cette époque ?

-J’ai eu beaucoup de chance. Contrairement à aujourd’hui où, disposant de mon propre studio, je travaille quasiment en vase clos, avec un ou deux « invités » de temps en temps, je devais, dans les années 80, aller de studio en studio. J’y faisais bien sûr des rencontres, comme Eurythmics ou Serge Gainsbourg. Laurent Voulzy m’a présenté son arrangeur Michel Coeuriot, qui m’a présenté le clavier de Gotainer, Celmar Engel, etc. L’équipe de Michel Berger (Jannick Top, etc.) était formidable. Impressionnants, mais très ouverts. La section de cuivres de Johnny était épatante aussi…J’étais bien sûr flatté qu’on me fasse confiance. Quand on a travaillé sur mes propres titres, j’ai eu quelques grands moments avec eux. Ils ont bien aimé mon jeu de guitare...J’étais aux anges ! Ils avaient 40 ans en gros, et moi 18 ou 20…C’était un immense encouragement. Bernard Paganotti est aussi venu enregistrer à la maison. Avec Cabrel, il est assez miraculeux. Olivier Unia, rencontré depuis, est aussi un excellent bassiste. Petit à petit, mon travail ne s’est plus limité à la guitare. Je me suis retrouvé chargé des arrangements complets : les cuivres, les cordes parfois, les chœurs, les rythmiques, etc. C’est comme ça que j’e suis tombé dans la production à 20 ans. Tout en continuant à jouer les guitares bien sûr.

 

-Votre réputation de guitariste se double de celle de compositeur…

-Ah bon ? Je ne sais pas... Il y a eu ce prix pour « Ballad for a Friend », mais sinon, je ne vois pas….Ma mère adore ce morceau…Mais c’est ma mère ! Julie, mon amie, me dit souvent que je devrais composer plus…Mais je manque tellement de temps…J’ai fait un instrumental pour elle… (« A Theme for Julie », NDLR.).

 

-N’avez-vous jamais composé pour votre père ?

-Il me l’avait demandé quelques fois à une époque. J’ai fait quelques musiques, mais elles s’intégraient peu dans ses albums du moment. Il fait très bien ses propres mélodies.

 

-Vous avez écrit pour la publicité, non ?

-Un tout petit peu, oui. France 2, Nostalgie, Mercedes…

 

-Et pour le cinéma ?

-Ah ! ça, ce serait le rêve, mais c’est infiniment difficile, à tous points de vue. Ennio Morricone ou John Williams sont des gens qui ont un bagage culturel et technique infernal ! Danny Elfman est très impressionnant également. Ce qu’il a fait pour « Mars Attacks » est un pur bijou. C’est un monde très fermé, parce qu’il faut avoir fait ses preuves. Les enjeux sont lourds. Brian Bennett des Shadows a réussi ce pari, et il est aujourd’hui couvert d’honneurs. C’est parfaitement mérité. La seule demande que j’ai eue m’avait été présentée comme un documentaire, et a en fait fini dans un célèbre film X avec Laure Sinclair !! Brillant, non ?!

 

-Et votre période de chanteur ?

-Il faut vraiment parler de ça ?!! A cette époque, je voulais être guitariste dans un groupe, et faire éventuellement des chœurs. Mais on m’a poussé un peu à sortir du lot. L’instrumental n’étant, de l’avis général, pas du tout viable commercialement (ce qui s’est avéré faux !), il fallait chanter. Je m’y suis mis avec plaisir, même si je n’étais pas vraiment doué pour plus que des chœurs – j’en ai fait pas mal pour d’autres d’ailleurs, y compris pour mon père. Mes textes n’étaient pas toujours bons non plus, loin de là ! Certaines chansons auraient peut-être pu donner quelque chose, mais je n’étais pas assez solide de ce point de vue pour développer une carrière de chanteur. De toutes façons, ce que je préférais dans mes chansons, c’était les solos de guitare !

 

-Votre titre « Chasseur d’Indien » est quand même très intéressant…

-Merci…C’est le meilleur sans doute. En tout cas, celui qui correspond le mieux à ce que je voulais faire. C’est pour ça qu’on l’a retrouvé sur un de mes albums malgré tout. J’en ai un tas d’autres en stock, mais qui ne sont pas sortis, hormis quelques compils. Il y a un vague projet visant à les sortir en album ces temps-ci.

 

-Dans les années 80, votre 45 tours «Chez Toi et Moi» a reçu un bon accueil quand même…

-NRJ le passait tous les jours, oui. Mais ce sont uniquement mes disques comme guitariste qui ont fonctionné en terme de ventes. En tant que chanteur, on ne peut parler que d’accueil positif de la profession, à peine de succès d’estime.

 

-Vous avez par contre extrêmement bien réussi comme producteur…

-C’est un point de vue…Je ne peux pas me plaindre, quantitativement, oui, d’une certaine façon. Artistiquement, c’est parfois autre chose ! Ca me permet en tout cas de faire un métier que j’aime. Puzzle est la société indépendante qui a signé le plus gros contrat jamais obtenu avec une major du disque (Warner en l’occurrence), et j’en suis assez satisfait : nous avons sorti 209 albums d’un coup avec eux en juin, et monté une très grosse opération, sans parler de solides succès en compilations, comme « Ti Amo Italia » au printemps, par exemple, dont les deux volumes dépassent les 450 000 exemplaires vendus en tout. Il y a aussi beaucoup de disques qui sont d’une ampleur commerciale plus modeste, et qui ne visent ni le disque d’or ni les charts. Un double album de chants sacrés tibétains, par exemple, n’est pas fait pour ça, mais je le produis quand même parce que c’est un beau disque, et qu’il y a un public pour ça. Je dois juste faire attention de rester rentable malgré tout. Il y a beaucoup de disques dans cette catégorie, qui se vendent lentement, raisonnablement, mais sûrement. C’est pourquoi j’ai produit autant de choses. Depuis 1989, Universal, Sony, Warner et les autres nous font confiance, et en ce sens, c’est une réussite.

 

-Vous avez aussi produit beaucoup de remixes ?

-Co-produit avec des DJ est plus exact. « Alexandrie Alexandra » en Angleterre avec le fameux DJ Joey Negro, très connu outre-manche. Ca a été un petit hit dans les clubs là-bas, et en Suède aussi. En France, j’ai travaillé pour Skyrock avec le DJ Da French Guy, et on a eu la chance depuis deux ans d’avoir le feu vert pour nos remixes de la part de labels et d’artistes aussi prestigieux que Madonna, Moby, Daft Punk ou Britney Spears. J’ai aussi produit un des deux cd du double album lounge « Buddha Bar » sorti pour les 40 ans d’Amnesty International en décembre dernier, avec divers DJ. C’est un disque caritatif. On en a vendu plus de 400 000.

 

-Combien avez-vous reçu de disques d’or ?

-Je crois qu’on en est à 69.

 

- !!

-Au centième, je paie ma tournée !

 

-Et de disques entrés au Top 50 ?

-C’est un Top 100 maintenant, pour votre information, et même 150 pour les albums ! Ca n’est pas si révélateur que ça. Je vous donne un exemple : j’ai produit près d’une cinquantaine de disques classés au Top, parmi lesquels quatre N°1 et deux N°2. Et bien, chacun des mes deux N°2 s’est finalement mieux vendu que n’importe lequel des N°1, parce qu’ils sont restés plus longtemps dans le Top, même s’ils sont monté un peu moins haut. Tout ça est très relatif…

 

-Vous avez aussi travaillé avec… les lofteurs !!  Franchement, vous avez des retards d’impôts ?!?

-Non ! Mais j’assume. Vous savez, ce qui m’a intéressé dans cette aventure (à laquelle ma contribution a été modeste : je n'ai produit que quelques remixes, participé à quelques titres supplémentaires de Félicien, et fait quelques démarches pour des compils auprès des majors du disque), c’était de voir de l’intérieur comment un phénomène aussi populaire fonctionnait. C’est beaucoup moins organisé et marketté que ce que l’on peut croire. Ils font un peu comme ils le sentent…Le public a un rapport particulier avec les lofteurs, très différent de celui qu’il adopte avec les artistes : les gens admirent les artistes, mais ils ont un rapport affectif avec les lofteurs, comme s’ils faisaient partie de la famille. Je suis tout à fait d’accord que l’émission a beaucoup de côtés débiles, et qu’artistiquement, les disques sont parfaitement nuls, mais le phénomène reste intéressant à observer de près. C’est une expérience à vivre, croyez-moi. Il y a quelque chose de très spécifique. On m’avait aussi demandé de participer à  « L’Ile de la Tentation », je n’ai pas pu le faire pour des raisons d’exclusivité, et ça, je ne le regrette pas, parce que, même si j’ai raté un hit, je trouve l’émission vulgaire, bien plus que « Loft Story ». J’ai rencontré la plupart des lofteurs, ce sont des gamins tels qu’on a pu l’être vous et moi. Ils profitent plus ou moins bien des opportunités qui leur sont offertes. Contrairement à ce que l’on peut penser, c’est, d’un strict point de vue professionnel, une excellente expérience. J’ai été très surpris de voir l’impact qu’ils ont en terme de ventes de disques bien sûr, mais aussi de leur popularité dans la rue. C’était ça que je voulais évaluer de plus près. C’est plutôt une approche analytique, je dirais ! Je n’ai pas d’ego artistique exacerbé, je ne me prends pas pour ce que je ne suis pas. Pousser des cris de chèvre en studio avec Félicien m’a simplement confirmé que je n’en suis pas encore au stade où l’on se prend au sérieux, et ça me rassure plutôt… Quant à l’argument financier, l’année s’est montrée suffisamment bonne pour que ce ne soit pas vraiment le problème…

 

-Qu’est ce qu’on ressent quand on met en perspective 20 ans de métier, alors qu’on fête tout juste ses 34 ans ?

-On se sent jeune et vieux à la fois…Pour mes nièces et mon neveu, je suis antédiluvien ! Disons que ça donne quelques points de repère.

 

-Et comment voyez-vous votre avenir de producteur ?

-Je ne sais pas…Je n’ai aucune idée de ce que je ferai dans six mois…Il sera à mon avis difficile de maintenir un tel rythme. On ne peut pas perpétuellement avoir une grosse dizaine de hits par an, comme c’est le cas cette année, c’est trop énorme. J’aimerais connaître plus de succès avec des nouveautés, mais c’est extrêmement compliqué, et pas seulement artistiquement hélas.

 

-Quel artiste auriez vous aimé être ?

-Dans la musique, Paul McCartney. C’est le compositeur idéal pur moi. Le plus grand talent de la pop music. Se réveiller le matin et réaliser qu’on a écrit « Let It Be », « Yesterday », « Hey Jude », « Sergent Pepper », « Get Back », « The Long and Winding Road », et des dizaines d’autres, vous vous rendez compte ?  Sa vie privée a même l’air réussie. Sinon, hors de la musique, Sacha Guitry me parait un choix assez parfait. Raymond Loewy, l’inventeur du design industriel, a eu une vie passionnante aussi.

 

-Quel conseil pourriez-vous donner à un jeune qui se lance ?

-C’est bien délicat de donner des conseils ! Je dirais, de ne pas être sectaire, d’écouter un peu de tout, y compris des choses anciennes. C’est ce que m’avaient dit les Shadows quand j’avais 12 ou 13 ans, de passer à autre chose que leurs disques, parce que je n’écoutais que ça ! Il y a de belles choses à piquer partout. Il n’y a pas longtemps, j’ai produit une compilation de Glenn Miller, et le solo de sax de « In The Mood » ferait de magnifiques plans rock-blues à la guitare. C’est pourtant bien un des derniers trucs qu’irait écouter un guitariste pour trouver de l’inspiration…Le plus important de tout reste d’avoir un bon morceau, quel que soit son style.

 

-Il y a trop peu de concerts permettant d’applaudir les références de la guitare rock instrumentale, et nombreux sont ceux qui vous attendent à nouveau sur scène. Y a t il une chance de ce côté-là ?

- Vous êtes trop gentil…Comme je le disais tout à l’heure, c’est une question de temps. Il faudrait que j’y consacre un bon moment pour présenter quelque chose de fidèle à l’idée que je me fais, pour y prendre du plaisir. Si c’est moyen, ça ne m’amusera pas. Mais il faut un peu de temps libre pour ça. J’ai de nombreuses demandes en Angleterre et en France surtout, mais je ne peux pas tout arrêter pour monter un groupe et répéter un mois…Ca ne me parait pas compatible avec les exigences actuelles de mes activités de producteur.

 

-Quels sont vos projets alors ?

-J’ai écrit un livre sur la Fender Stratocaster il y a deux ans, et il va sortir seulement dans quelques mois je pense. Un double best of est prévu aussi aux Pays Bas cet automne. Il va y avoir encore quelques compils de guitare, et peut être un nouvel album si j’ai le temps. A défaut, je mets des inédits par-ci par-là dans les compils, après qu’ils aient fait un passage sur le net. La production toujours aussi, bien sûr…et des vacances !!

 

 

T.L.

                                  

 

 

 

 

 

Nouvelles sorties :

JEAN PIERRE DANEL : GUITAR CLASSICS (WARNER/WEA ; ASIN : B0000683L0)

JEAN PIERRE DANEL : GUITAR GOLD THEMES (WARNER/ WEA ; ASIN : B0000683L1)

JEAN PIERRE DANEL : THE SHADOWS’ ANTHOLOGY – THE TRIBUTE ALBUM (WARNER/ WEA ; ASIN : B0000683LS)