INTERVIEW POUR GUITAR & DRUMS IL Y A QQUES ANNEES AU SUJET DE MES RENCONTRES AVEC LES SHADOWS

Interview de Jean-Pierre pour Guitar & Drums :


« J'ai eu la chance de rencontrer les Shadows à plusieurs reprises, tout d’abord dans les années 80.
Totalement fasciné à l'écoute, en février 79, de leur premier album 25 cm (datant de 1961), offert par un ami de ma sœur, je me suis mis à les imiter chez moi et en classe avec un jouet, puis avec une guitare plus réaliste, quoique presque un jouet encore, que je malmenais pendant des heures jusqu'à trouver les premières notes de « Shadoogie » ou de « Nivram ».
Je faisais le tour des disquaires et des marchés aux puces de Paris, et j'ai acheté tout ce que j'ai pu trouver à l'époque comme vinyles de mes idoles.


En mars 1980, la première opportunité surprise de les rencontrer se présenta. Mon père, Pascal Danel, venait de terminer deux semaines de concerts à l'Olympia, quand le directeur, Jean-Michel Boris, connaissant ma passion pour les Shadows, nous annonça avec plaisir leur venue quelques semaines plus tard...
En me promenant dans Paris, j'ai eu un choc en voyant, collées sur les palissades, les affiches de mon père, aux cotés de celles des Shadows... Je n'y croyais pas jusqu'à cet après-midi où nous assistâmes à la rapide balance (« Let me be the One », « Riders in the Sky »...) et où nous sommes allé les rencontrer dans les loges, présentés par JM Boris.


Coulisses de l'Olympia – Mars 1980

Deux heures de rêve absolu pour moi ! Photos, dédicaces de ma soixantaine de vinyles (hélas disparus depuis...), programmes et 45 T offerts par leur manager Brian Goode...
Vint ensuite un concert réellement remarquable, qui m'a laissé un grand souvenir. Perfection, émotion et décontraction... Vraiment, et même avec un recul désormais plus professionnel, c'est parmi ce que j'ai vu de mieux.
Après le spectacle, nous sommes retournés backstage. Nous avons présenté notre ami Laurent Voulzy à Hank (fan inconditionnel, Laurent était aux anges...). Il est resté pantois quand Marvin a quitté l'Olympia avec le tout nouvel album live de mon père sous le bras, enregistré quelques semaines auparavant dans cette même salle !
En décembre de la même année, nous retrouvions les Shadows dans les loges du théâtre Mogador à Paris, et nous fûmes accueillis extrêmement chaleureusement après le concert, et cela reste aussi un formidable souvenir.
Après quelques contacts par courrier et téléphone, mon père, devenu un temps producteur d'émissions télé, invita Hank sur le tournage de Macadam en juin 83 où il interpréta deux titres de son album du moment (« Invisible Man » et « The Hawk and the Dove »). Voulzy était venu spécialement de Paris pour revoir Hank sur le tournage qui se déroulait en Ardèche.
Nous avons aussi présenté à Hank l'un des guitaristes de mon père, Pierre Téodori, qui écrira deux titres pour les Shadows dans les années 80.

Hank Marvin, Laurent Voulzy et un ami, Billy Nencioli, dans les loges de Macadam – Juin 1983

Brian Goode et Marvin ont semblés enchantés de l'émission et de l'ambiance sur le plateau, de la région et des restaurants gastronomiques... C'est sans doute grâce à cette bonne impression qu'ils ont convaincu les Shadows au complet de venir au printemps 84 pour un Macadam spécial qui leur était consacré (ils n'étaient pas venus en télé en France depuis des années.).
A la grande surprise de la chaîne, qui savait que nous étions tous fans et que nous les connaissions, nous avons reçu un télex de leur label chez Polydor, Roll Over Records: "Pour vous, nous tenons à venir gratuitement... ". Classe...
De retour d'une longue tournée en Australie, les Shadows arrivèrent donc début avril sur le tournage situé en Camargue. Hank, que nous connaissions le mieux, toujours aussi chaleureux, ainsi que Brian Goode, Bruce et Brian ravis, mais tout de même légèrement anxieux au sujet de la nature annoncée du tournage (mêlant musique et comédie), Alan Jones, le basiste, franchement relax, et Cliff Hall, le pianiste, arrivé le lendemain, avec l'humour qu'on lui connaît...
Accompagnés de leur road, les Shadows semblaient un petit peu fatigués par plus de 80 concerts, sans parler du décalage horaire. Surtout, ils arrivaient du soleil, et ne s'attendaient pas à un tel froid glacial dans le sud de la France... Ma mère eût la tache délicate de leur expliquer précisément les tenants et aboutissants de l'émission, plutôt inhabituelle.
Ils furent finalement tous conquis par le concept et se prêtèrent tous avec enthousiasme et grand professionnalisme aux mises en scène et gags de l'émission. Ils accompagnèrent même mon père, ce qui n'était pas vraiment prévu, sur une de ses chansons évoquant les 60's et les Shadows eux-mêmes... (comme il le dit, il est le seul avec Cliff !).

La dédicace de Hank sur la Stratocaster de Jean-Pierre. Sur le tournage de Macadam – Avril 1984.

Le français des Shadows n’était pas très bon, et Hank, Bruce et Brian ont beaucoup ri en essayant de se remémorer quelques souvenirs scolaires à ce sujet…
Hank se souvenait d’une phrase en particulier : « Le cheval a besoin de nourriture. »…! Ce qui lui était d’une utilité toute relative ! Mais cela lui servait de commentaire à presque chaque indication du réalisateur ou de nous-mêmes. Il le dit d’ailleurs au cours de l’émission.
Pour éviter ces problèmes avec la langue de Molière, leur réaction la plus courante était de répondre « No problem ! », qui devint un mot clé sur le tournage.
Bruce, toujours le premier prêt dès 7 heures du matin, accro au pain beurré et au thé, Hank n'arrêtant pas les gags de gamin et imbattable au baby foot, Brian très gentleman, Cliff et Alan fêtards arrosés et tardifs... Les 5 jours de tournage furent un régal pour tous, et particulièrement pour moi.
Hank me dédicaça ma Strat ; j'eus droit à un petit boeuf, à l'essai de leurs guitares et à des compliments miraculeux pour le gamin de 15 ans que j'étais. Photos encore, vidéo, dédicaces, cadeaux et souvenirs (je garde précieusement la courroie de Bruce dédicacée Bruce Welch Shadows ??).
L'émotion au moment du départ était réelle et les Shadows semblaient attristés de quitter cette atmosphère et nous invitèrent à leur rendre visite en Angleterre.
Pour de multiples raisons, je n'ai pas pu hélas me rendre sur la tournée qui a suivi avec Cliff Richard. Mais au printemps 1986, au moment où Cliff et Hank étaient N°1 avec leur nouvelle version de « Living Doll », et où les Shadows sortaient avec le succès que l'on sait leur album Moonlight Shadows, nous sommes allé assister à trois concerts à Windsor. Ils me laissèrent filmer un spectacle complet depuis la régie, et j'emportais là encore une forte impression et de nombreux souvenirs (photos, visite de la scène...). Brian nous montrant les photos de son studio ; Bruce des photos de concert avec Mark Knopfler ou Hank évoquant son départ prochain pour l'Australie...

Les Shadows, Jean-Pierre, Pascal et un ami – Windsor 1986

J'ai ensuite failli aller enregistrer dans le studio de Brian en 89, mais nos plannings se sont révélés incompatibles car les Shadows étaient en tournée en Australie.
J’ai revu Hank en concert à l’Olympia en avril 2000, Bruce et Cliff Hall en octobre de cette même année, lors de la réunion du fan-club français, puis j’ai assisté à Paris en 2005 à l’un des concerts de leur tournée d’adieu, avant d'avoir la chance d'enregistrer avec Hank fin 2006 pour Guitar Connection 2, qui sort au printemps 2007.


Je reste toujours aussi admiratif de leur talent et de leur carrière, et particulièrement impressionné par leurs prestations live, et aussi leur travail de producteurs, principalement celui de Bruce, pour les formidables albums de Cliff dans les 70's, qui sont parmi ce que je connais de tout meilleur dans le genre et une référence pour beaucoup de monde dans la profession.
Au travers de leur long parcours et leurs multiples expériences, les Shadows restent la plus belle émotion musicale de ma vie... ».