Petite histoire dans l'Histoire
Miss Daisy et son heureux propriétaire


Je suis toujours ému quand je parle de Miss Daisy. Cette belle guitare est un rêve pour un musicien, et une pièce de collection pour les historiens du genre. Je vais vous raconter ce que nous avons partagé ensemble. Non pas pour faire briller mon cv dont on se fiche royalement ici, mais pour illustrer ce que cette guitare a de peu commun, en ce sens qu'elle est non seulement belle, rare et excellente, mais qu'elle a de plus déclenché un tas d'évènements heureux dans mon petit parcours musical.
Je reçois beaucoup de questions, et de demandes concernant un site web, sur la belle Miss Daisy. Cette rarissime Stratocaster de pré-production a en effet ses fans, et nombreux sont ceux qui me disent avoir envie d'en savoir davantage, tant via des photos que via des informations à son sujet.

Je les comprends. Je reste moi-même ému devant ce morceau d'histoire qui est aussi, et avant tout, une fantastique guitare. En 1954, personne n'a deviné ce que ce modèle de chez Fender allait entraîner.
L'instrument préféré d'un musicien tient une place bien particulière dans sa vie. Le rapport que nous avons à une guitare qui nous accompagne durablement est très privilégié. Musicalement bien sûr, affectivement également, mais aussi physiquement.
Le toucher de l'objet lui-même est quelque chose de personnel et de presque sensuel. Je reconnaîtrais les yeux bandés mes guitares préférées parmi des centaines d'autres.
Lorsque l'on a la chance de trouver le modèle qui comble toutes nos attentes, il nous suit parfois tout le reste de notre vie. C'est un choix qui compte.
J'aime les Stratocaster. Si je suis fier que Fender soit aujourd'hui partenaire officiel de mes albums, ça n'est pas par souci marketing, mais parce que ces guitares sont un bonheur depuis plus de 30 ans pour le guitariste que je suis. Un instrument irremplaçable, un compagnon avec lequel je me sens à la maison.
Etant aussi un peu collectionneur dans divers domaines, j'ai acquis pas mal de Stratocaster en tous genres, et surtout, j'ai toujours rêvé de la guitare d'exception, qui serait le partenaire unique, idéal et définitif de mes aventures musicales. Celle qui pourrait tout faire. Un rêve qui peut sembler presque enfantin, mais qui repose aussi sur une réalité que les musiciens connaissent bien : un instrument exceptionnel transcende vos capacités et votre inspiration. Mais il existe plusieurs millions de Stratocaster, et elles sont pour la plupart excellentes. Les modèles véritablement exceptionnels se trouvent généralement être anciens et fort peu courants, et de ce fait s'apparentent aux violons Stradivarius : rares, fascinants, mythiques et… (très) chers.
Outre le prix et la rareté de ces guitares, c'est la rencontre en elle-même, entre le guitariste et l'instrument, qui est l'aspect le plus privilégié de ce partenariat statistiquement improbable, le graal de chaque musicien. Lorsque l'occasion se présente, il est conseillé de ne pas la rater…
Le vendredi 4 mai 2007, j'ai reçu un colis de Tokyo dans lequel se trouvait un instrument que j'avais attendu depuis 24 ans…

Petit retour en arrière…
Après avoir fait mes premières armes en 1979 sur une guitare coréenne puis sur une copie de Strat japonaise (une Rokkoman), je joue sur Fender Stratocaster depuis janvier 1981 – deux années après mes débuts, mon père m'avait offert un modèle de 1979, noir/plaque noire, presque identique à celui sur lequel Hank Marvin jouait à cette époque. Une très bonne guitare d'ailleurs.
A l'été 82, à l'issue de la première tournée professionnelle à laquelle je participai, je suis passé à une Stratocaster blanche de 1971, revernie puis modifiée – sacrilèges dont nous étions inconscients à l'époque ! – avec différents switchs (puis avec un kit de micros du modèle « Clapton » au début des années 90). Encore un formidable instrument.
Dans les années 80, Patrice Bastien était déjà le spécialiste français de la Stratocaster vintage, et c'est d'ailleurs chez lui que Hank acheta la '58 Fiesta Red qu'il utilisa durant cette décennie. J'allais rêver dans sa boutique internationalement renommée, et il me laissait patiemment essayer un tas de guitares dont il savait que je ne les achèterais jamais.
A l'âge de quinze ans, je n'avais pas les 20 à 25 000 Francs déjà nécessaires à l'achat de l'un de ces modèles mythiques des années 50, fort rares (un prix qui fait sourire aujourd'hui, où 180 000 € est le prix normal d'un modèle de 1954…quand on en trouve, c'est-à-dire une à deux fois par an au mieux, lors de ventes internationales très courues. Ce millésime reste le fantasme absolu).
Malgré une idée reçue et malgré leur générosité, mes parents n'auraient pas pu m'offrir un tel instrument non plus – si toutefois nous avions pu en trouver un.
Je n'ai donc pas acheté de guitare à Patrice à cette époque, qui de toute façon n'a jamais eu de modèle de 1954 à proposer à la vente, malgré les modèles exceptionnels qu'il ramenait des USA, où on en trouvait encore dans ces années-là.
Après avoir essayé des dizaines de modèles datés de 1957 à 65, je trouvai finalement une '56 sans vernis, en piteux état, bricolée, et donc pas trop chère… et que j'ai dû revendre, faute de pouvoir l'accorder efficacement. J'ai appris depuis que son nouveau propriétaire, spécialiste réputé, a pu en faire un meilleur usage avec un réglage complexe mais à la longue réussi. Je n'avais pas assez d'expérience pour cela, hélas !
C'était en 1988. Je n'ai plus recroisé de Strat des années 50 avant longtemps.
J'essayais donc – avec succès – d'améliorer ma Strat '71, et son manche impeccable et sa tenue de l'accord irréprochable me suffirent pour longtemps, même si un coin de mon cœur pensait encore à ces millésimes fameux, comparables à ceux qui font la différence entre un très bon et un très grand vin.
Pour combler en partie ce manque, j'ai acheté une réédition d'un modèle de 1957 (la fin des années 80 vit Fender fabriquer de nouveaux modèles, copies abordables des anciens si recherchés de par le monde). Je fis ensuite l'acquisition d'une Stratocaster modèle Eric Clapton, puis de quelques autres, y compris un modèle du Custom Shop, réédition d'une Strat '56. Tout cela était plus abordable ensemble qu'une seule guitare d'époque. Une cinquantaine viendrait les rejoindre bien plus tard…
Mais l'appel des modèles réellement anciens restait fort, car je savais déjà combien leur authenticité se ressent et fait l'unanimité chez les guitaristes. La légende qui les accompagne est connue de chacun. Et je n'échappais pas à la règle : je rêvais d'une véritable Strat « vintage ». Je devais encore la chercher un moment...
En 1996, sur les conseils d'un ami, je découvre une autre Strat de 1956 en grande partie originale, chez un autre spécialiste que Patrice. Entre temps devenu musicien puis producteur, je pus m'offrir celle-là, et trouver l'instrument musicalement quasiment parfait, à défaut qu'il soit irréprochable en terme d'objet de collection
Je la nommai, plus tard d'ailleurs, La Marquise. Partiellement reverni en Fiesta Red par son propriétaire précédent, pour masquer les accidents de parcours, c'est un instrument d'exception, presque totalement vintage (tout n'est pas tout à fait d'origine), avec un son ébouriffant, particulièrement sur le micro aigu – le grave est plus qu'excellent, et celui du milieu n'est pas d'origine, mais un modèle 1965, excellent lui aussi cela dit. Le manche, à priori une commande sur mesure car il est particulièrement fin pour cette époque, est un régal. Bref, la guitare idéale… à quelques détails près. D'abord, elle a été revernie. Elle est superbe mais évidemment, cela lui retire de l'authenticité et surtout ce feeling que seuls les vernis « vintage », patinés par le temps, peuvent vous faire ressentir, à l'instar de vieux instruments classiques ou de vieux meubles. Cela lui retire aussi de la valeur, mais cela concerne plutôt les obsessions des collectionneurs, et ne nuit pas à la qualité générale de l'instrument. Le fait que le micro central soit remplacé est bien dommage, car même s'il est excellent, il a des caractéristiques qui diffèrent d'un modèle de 1956. Heureusement pour moi, je ne l'utilise que rarement.
Le manche exceptionnel a beaucoup souffert du temps et commence à donner d'inquiétants signes de fatigue et d'étroitesse sur la corde mi aigu. La tête a été fendue, puis réparée, mais heureusement, l'accordage reste impeccable. Bref, une guitare fantastique, avec une légère frustration côté authenticité pure et dure. Et cela fait une différence.

Mon rêve absolu d'une guitare complètement d'origine, restait inassouvi.
En 1983, Hank Marvin m'avait lui aussi confirmé au cours d'une discussion combien les Stratocaster anciennes avaient des particularités irremplaçables et incomparables. Je me suis beaucoup documenté depuis. Jusqu'à écrire un livre à ce sujet en 2001.
Les modèles entre 1954 et 56, puis de 57 à 58, 59 à 63, et 63 à 65 avaient, pour chacune de ces périodes, leurs personnalités désormais bien identifiées. Basées sur le même concept, diverses variantes et évolutions ont conduit à déterminer des catégories de Stratocaster, qui ont leurs aficionados selon les goûts de chacun. Principalement jusqu'en 1965, où Fender fut revendu à CBS, dont la production massive fit de l'avis général fortement décliner la qualité d'ensemble des instruments, sauf (rares) exceptions. La qualité générale fut de retour dans les années 80, où Fender réédita ses guitares selon les spécificités des 50's et 60's. Mais les modèles originaux restent de loin les plus recherchés – souvent en vain. Ceux des années 50 tout particulièrement. Leo Fender a cumulé plusieurs idées géniales en concevant ses guitares (il fut le premier à commercialiser en nombre une guitare électrique « solid body » avec la Broadcaster, rapidement connue sous le nom de Telecaster, en 1950) et ses basses (il fut l'inventeur de la basse électrique, qui révolutionna la musique moderne). Ses amplis sont aussi des modèles du genre.
En 1954, il alla, en compagnie de Freddie Tavares qui fut un élément central parmi l'équipe de l'époque, encore plus loin avec un instrument révolutionnaire : la Stratocaster.
Corps confortable aux contours épousant les formes du guitariste, tête pratique grâce aux mécaniques placées d'un unique côté, le luxe d'avoir trois micros, une prise de jack creusée sur la table pour ne pas risquer de débrancher la guitare de façon intempestive, vibrato très au point, justesse précise avec un pontet par corde, entretien et réglages simples et efficaces, look futuriste, équilibre du poids et des formes, solidité à toute épreuve, sons nouveaux et couvrant une large palette sonore…Bref, un must qui explique qu'après les hésitations des revendeurs et des clients toujours conservateurs dans le petit monde de la musique, la Stratocaster soit devenue la guitare électrique la plus mythique et la plus vendue de l'histoire.
Un symbole de l'Amérique et du Rock'n'Roll qui a pris son essor avec elle, et un objet que l'on retrouve désormais dans de nombreux musées, célébrant aussi bien la musique que le design.
Etant guitariste, comment ne pas être fasciné par une telle légende, adoptée par les plus grands, de Jimi Hendrix à Eric Clapton, et importée pour la première fois en Europe pour celui qui m'a donné l'envie de devenir guitariste, Hank Marvin… Le début d'une épopée devenue légendaire…
Après une dizaine de prototypes de Stratocaster en mars/avril, Fender fabriqua au printemps et au début de l'été une soixantaine de guitares, destinées aux revendeurs et à quelques musiciens proches de la marque. Des guitares de démonstration, soignées, pour convaincre qu'il s'agissait là de nouveau fleuron de la marque. La première commande commerciale de 200 guitares démarra en octobre 54. En tout, les archives Fender listent pour cette année-là 268 guitares d'une série qui allait changer le monde…
Forrest White, directeur de l'usine Fender à l'époque, insiste sur le fait que la soixantaine de guitares d'avant la série d'octobre étaient des échantillons de présérie destinés à convaincre les acheteurs des magasins. Miss Daisy est l'une d'elles. L'une de ces quelques guitares qui ont déclenché la plus grande révolution guitaristique du siècle.
Avec un si petit nombre d'exemplaires produits, les Stratocaster de 1954 ont fatalement été rares de tous temps, et ont gardé une solide réputation de très grande qualité, peut-être due au soin apporté à ces modèles fabriqués à l'unité. En 1955, Fender fabriqua 452 Stratocaster, davantage encore en 1956, et petit à petit, avec l'avènement du Rock, le concept explosa et s'imposa comme la plus grande innovation de la guitare moderne, jusqu'à atteindre des millions d'exemplaires vendus et être la guitare la plus symbolique, la plus vue et la plus reconnue du siècle.
J'en rêvais depuis que j'ai su tout cela. Mais c'était resté inaccessible, comme pour tout le monde, ou presque.
J'ai oublié pour longtemps la recherche orientée collection pure, au vu des prix qui explosèrent dans les années 90, avec le décès de Leo Fender, la mode générale du vintage et les stars de la guitare s'affichant avec ces modèles de collection… Et j'avais d'ailleurs de quoi satisfaire toutes mes envies avec cette très belle guitare de 1956, qui était de toute façon un fantastique et rare instrument – imparfaite mais fascinante tout de même.
Entre temps, La Marquise a fait son chemin et est devenue une pièce de collection malgré tout, avec la rareté grandissante de ces modèles désormais enfermés dans des coffres forts, et aussi suite aux nombreux articles qui lui furent consacrés, et plus encore depuis qu'elle fit la couverture de mes albums Guitar Connection 1 & 2… Comme quoi ! Il est vrai que, sans oser la comparaison, la fameuse Blackie d'Eric Clapton était une guitare trafiquée au dernier degré, abîmée, sans intérêt pour un collectionneur, et usée jusqu'à en être devenue injouable. Cela n'a pas empêché qu'entre ses mains expertes elle devienne mythique.
Il l'a généreusement vendue au profit de son centre de désintoxication pour un joli million de Dollars. Comme il le fit pour deux tiers de cette somme avec son modèle de 1956, Brownie.
Depuis, et avec le cinquantenaire de la Stratocaster, les prix ont à nouveau explosé, pour atteindre des sommets qui auraient semblés grotesques il y a peu de temps encore.
Une « custom color » bleue de 54 – il a existé une petite dizaine de ces prototypes au plus, et 3 ou 4 sont connus de nos jours – s'est vendue en deux jours pour plus de 250 000 $ au printemps 2007, à David Gilmour, qui possède déjà un autre modèle 54 de couleur crème. De mon côté, je louchais finalement sur une des très rares Stratocaster '54 d'origine à vendre depuis près de deux ans, au Japon. Un spécialiste la proposait sans vraiment chercher en fait à la vendre.
J'avais croisé depuis quinze ans deux autres modèles de cette année, aux USA puis au Japon, affichés à 40 000 $ dans les années 90 et à 75 000 $ au début des années 2000 - ce qui m'avait, je l'avoue, dissuadé. Mais je m'attache sans doute à des détails bassement matériels… ! Je n'y croyais plus, un étui standard de cette époque, vide bien sûr, valant maintenant dans les 6000 € à lui seul …

Puis, je vis un discret article sur internet. On y parlait d'un oiseau rare, exposé dans un show room/magasin/musée comme il en existe là-bas. Le modèle de Stratocaster en question avait vraiment retenu mon attention, et avait la particularité d'être une des rares Strat de pré-production (avant la fabrication en série limitée mi-octobre 54) et le bois utilisé pour son corps – du frêne, et non de l'aulne comme habituellement après 1956 – était en une seule pièce, ce qui est rare, même parmi ces raretés que sont les millésimes 54. Le manche était signé du luthier alors improvisé mais devenu mythique depuis, le fameux Tadeo Gomez. Si le manche de votre guitare porte ses initiales, vous êtes un homme (presque) riche !
La Strat était exposée dans la partie musée, mais pouvait éventuellement être à vendre. Mais ce n'était toutefois pas certain. Le musée n'était pas pressé, et la guitare tardait un peu à se vendre car elle était à l'abri dans cette inaccessible antre pour passionnés, et non aux enchères internationales comme c'est désormais souvent le cas, chez Christie's, Sotheby's, Drouot ou autres. Peu de gens étaient donc au courant, et les curieux de passage ont rarement ce type de somme à investir dans un instrument…
Je me disais qu'un tel instrument était fait pour être joué et par pour être exposé dans les vitrines d'un musée. Mais je regardais quand même ici ou là.
J'ai vu, pour la première fois à l'époque, un modèle '54 sur Ebay - pourtant reverni, donc bien moins côté, et surtout, parce qu'elle n'était pas un modèle de pré-production contrairement à celle de Tokyo, l'instrument était affiché à 112 000 €. Deux autres guitares de ce millésime, mais très incomplètes, revernies, modifiées, trafiquées et maltraitées, étaient affichées cependant à plusieurs dizaines de milliers d'euros chacune…
Bref, le rêve, la collection et la perfection mises ensemble ont un prix… Alors soit on plonge, soit on range ce rêve dans un tiroir avec un petit pincement au cœur.
Je n'ai pas pu résister à celui-ci. La guitare avait trop d'atouts. Ses spécificités en font un instrument rare et d'une exceptionnelle qualité. Etant entièrement d'origine à un ou deux détails mineurs près (la tige du vibrato et la plaque de protection arrière), elle a le charme et l'aura que seuls ont ces quelques rares instruments réellement hors du commun. Irrésistible !

Je plongeai donc…
Après plusieurs coups de fils, emails et fax avec Tokyo, divers échanges de photos et documents, je donnais mon feu vert – sans même discuter du prix, j'aurais eu trop peur je crois de perdre cette unique occasion. De toute façon, le vendeur, visiblement connaisseur de tout ce qui a trait à la guitare, connaissait curieusement certains de mes disques et j'étais en mauvaise situation pour lui arracher des larmes. Et il savait très bien aussi qu'un passionné ne reculerait pas devant l'aspect financier.
Je l'ai acquise sans même me rendre sur place pour l'essayer, tant il était évident qu'une guitare de ce millésime et dans cet état ne pouvait-être qu'un instrument absolument incomparable.
Enfin, j'allais véritablement assouvir le fantasme guitaristique définitif. J'en avais rêvé et j'avoue que là, j'en ai parfois perdu le sommeil !
C'est tellement rare d'avoir ce privilège.
Mark Knopfler a acquis une Stratocaster de 1954 il y a quelques années, et l'a nommée Jurassic Strat. Comme pour les Stradivarius, on a pris l'habitude de baptiser quelques guitares exceptionnelles. George Harrison s'en était vu offrir une par Eric Clapton dans les années 70, mais il ne lui donna pas de nom. D'autres, dans des musées, portent simplement leur numéro de série comme un matricule.
Je décidai de nommer la mienne Miss Daisy. Pourquoi Miss Daisy ? Je n'en sais absolument rien ! C'est sans réel rapport avec le film du même nom. Je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle j'ai pensé à ça ! Je trouvais juste ça mignon, appeler une guitare « Miss… ».
Elle allait rejoindre sa cousine La Marquise... J'allais jouer sur une Stratocaster de 1954 !!!
La guitare fut emballée et expédiée en express ultra sécurisé depuis le Japon.

Fébrile attente.
Elle était supposée arriver sous 10 jours – elle en mit cinq. Ma surprise en voyant le livreur fut totale.
En une minute, le précieux paquet était déballé à la hâte dans mon bureau.
L'étui déjà respirait le charme d'une époque révolue mais au combien mythique dans la musique rock. Un rare objet de collection à lui seul.
Quand je l'ai ouvert, j'avais le cœur battant et presque les larmes aux yeux. Un gamin.

Et je restai silencieux.
Tout le charme du vintage pur et dur était là. Un instrument de rêve, parfait et rarissime.
Je réalisai alors une chose toute bête : c'était la première fois que je voyais une Stratocaster 1954 en vrai ! (j'ai pourtant vu nombre de vieilles Strats, chez Patrice et ailleurs, mais jamais le graal absolu que sont ces tous premiers instruments). Un corps au vernis « sunburst » ambré – une caractéristique assez peu fréquente et du meilleur effet, plus élégant à mon sens que le deux tons jaunâtre habituel -, le tout en une seule pièce donc – rare et très appréciable pour la qualité de sa résonance. Un manche très agréable, bien que moins fin que celui sur mesure de ma '56, mais je m'y suis fait très facilement, et un son…à tomber à la renverse !!
Cela peut sembler ridicule, mais j'ai été véritablement ému en tenant cette guitare. Et je le suis encore.
David, mon assistant, qui est aussi un excellent bassiste, arriva peu après et tomba lui aussi sous le charme de Miss Daisy. On s'asseyait pour la regarder.
Je ne l'ai pas lâchée pendant plusieurs jours, l'emmenant à la campagne pour l'essayer à nouveau pendant le pont du 8 mai.
De retour à Paris, je l'ai amenée à Didier Duboscq, chez Eden Lutherie, qui est aussi le luthier officiel de Fender France. Il a vu passer bien des guitares, y compris des modèles rares et exceptionnels. Il règle les miennes et celles de beaucoup de musiciens, et il a adoré La Marquise et la série L de 1964 que j'utilise souvent, qui a elle aussi un son incroyable, et dont il a trouvé qu'elle était vraiment un instrument énorme – et il a bien raison !
Là, je lui amenais le top du must, une guitare comme il n'en verrait qu'une seule dans sa vie : une Stratocaster 1954 !
Je voulais régler l'action – un peu basse – et solutionner un très léger souci de tenue d'accord. Cette guitare a visiblement été beaucoup jouée pendant 20 ou 25 ans, puis probablement exposée – comme elle le mérite, certes, mais est-ce la destination réelle d'un instrument ? – pendant au moins dix ou quinze ans. Elle avait donc besoin d'une petite visite de contrôle et de quelques réglages…
Quand Didier a vu Miss Daisy, il a été bluffé par son look chargé d'histoire et patiné par le temps. Un bonheur unique pour lui, qui se retrouvait, malgré son expérience, face à une telle guitare pour la première fois. Bref, une émotion réelle et partagée. Un peu comme devant un vin unique ou un tableau exceptionnel.
Mais quand j'ai branché la guitare, alors là… Nous nous sommes regardés, soufflés, épatés, émerveillés…heureux. Quel instrument !
Les aigus claquent comme seule La Marquise peut le faire. Extraordinaire ! Mais, ça, on le savait déjà… Seules quelques guitares sonnent aussi bien, mais on s'attendait tout de même à ce que Miss Daisy soutienne la comparaison hors normes avec La Marquise, qui a elle-même un son incroyable dans les aigus.
Mais pour Didier et moi, la grosse surprise, ce fut le grain et la dynamique des graves… une tornade ! Du jamais vu ! Didier m'a dit qu'avec une '57 croisée il y a quelques années, c'était la Stratocaster la plus fabuleuse qu'il ait entendue ! Mais celle-ci avait en plus le millésime…

Voilà qui confirma mon opinion, après avoir écouté de nombreux bijoux de la même catégorie depuis plus de vingt ans – même si aucun ne datait de '54, les caractéristiques musicales sont les mêmes jusqu'en '56, et je peux comparer. A l'été 2008, le magazine officiel de Fender qualifia Miss Daisy d'"instrument exceptionnel" et de "merveille". L'organe officiel de la marque ajouta « il nous est malheureusement impossible de vous faire écouter les incroyables harmoniques du micro aigu, la profondeur et la clarté intense des basses du micro grave, le tranchant du micro middle, la sensation physique du corps de la guitare vibrant pendant un riff… Il me reste à vous souhaiter, ne serait-ce qu'une fois dans votre vie, de pouvoir jouer quelques notes sur une guitare comme celle-ci. ». Le luthier officiel de la marque déclara encore « J'ai l'immense honneur de vous présenter dans ces pages Miss Daisy. Soyons francs, cela fait 20 ans que je règle et torture des guitares, celle-ci fait partie du « Top 2 » des meilleures sur lesquelles j'ai eu le bonheur de travailler ». On sait que l'autre est une Gibson Les Paul 1959…

Un nombre certain d'articles, en France et aux Etats-Unis notamment, ont été consacrés à Miss Daisy. Sa rareté et sa qualité suscitent l'intérêt à la fois des musiciens et des collectionneurs. Même les plus avertis…

En juin 2007, Hank Marvin est passé me voir à Paris. Après un joli dîner en ville, il est venu dans mon appartement, avec sa femme Carol, et nous avons joué. Pour l'occasion, j'ai pris La Marquise, ma Strat Fiesta Red de 1956, et j'ai confié Mis Daisy à Hank, qui m'avait demandé par email un peu auparavant s'il pourrait l'essayer, n'ayant jamais joué sur une Strat aussi ancienne… (la sienne était de 1958). Ce fut un bonheur partagé, et Hank était ravi. Je lui ai demandé s'il voulait bien écrire par la suite la préface de mon livre à venir sur la Stratocaster, et il accepta et ajouta un joli petit mot sur la Miss, qui y a une belle part, et que je vous traduis ici : "L'été 2007 m'a offert la chance de jouer sur une très rare Fender Stratocaster, un modèle de pré-production de 1954 dont seulement une soixantaine d'exemplaires furent fabriqués. Cette guitare, Miss Daisy - c'est son nom - appartient à mon ami Jean-Pierre Danel, pas mauvais guitariste et Stratophile, tout comme moi... ! J'ai eu l'opportunité de jouer sur cette vieille et magnifique Strat dans son appartement parisien, et c'est le genre d'expérience dont on se souvient. Cette vieille guitare était si merveilleuse, très réactive, et sonne de la façon la plus exquise. Ah, si toutes les Strats pouvaient sonner aussi bien ! Jean-Pierre, si tu te fatiguais un jour de Miss Daisy, je pourrais lui offrir une très bonne maison...".

A l'automne, lors d'une énième collaboration avec Laurent Voulzy, dont je produisais un duo, Miss Daisy eut les honneurs de son studio, et Laurent a lui aussi craqué pour la belle…
Je m'en suis aussi servi à cette époque pour un titre où je suis venu faire des guitares pour mon père. Plus tard, des amis m'ont appelé pour participer à une pub télé d'une campagne caritative internationale organisée par les rasoirs Bic, et bien entendu, ils m'ont demandé si la Miss pourrait être de la partie.

De temps en temps, elle me suit aussi sur scène. De temps en temps seulement, car, déjà, j'en fait très peu désormais, mais aussi pour des raisons de sécurité. En effet, ma collection de belles sportives italiennes ayant été incendiée par des imbéciles en 2008, l'assurance m'obligea à prendre des précautions dignes de la Maison Blanche, comparant la guitare à un de mes bolides au cheval cabré ce qui est hélas devenu vrai en terme de valeur, et c'est totalement effarant), et la Miss est donc à l'abri dans un coffre-fort de banque ultra sécurisée, dont je la sors dès que j'ai à m'en servir. Je le regrette. C'est triste, mais on dort mieux…
De toute façon, répertoriée, vue et revue sous toutes les coutures, Miss Daisy est bien trop connue des spécialistes pour circuler sous le manteau, mais bon, une assurance reste une assurance…

En 2008, j'ai enregistré un nouvel album, Guitar Connection 3. Toutes les guitares électriques, à part une rythmique, ont été faites avec Miss Daisy. Dans ma modeste reprise de Cocaine, on retrouve bien le son de Clapton, période Blackie (le talent de Clapton en moins, hélas !).
J'ai enregistré avec Un ampli Fender Bassman, et une pédale Boss Blues Driver. J'étais assez content de cette simplicité, de ce côté pur et authentique.
J'improvisai aussi un titre au studio, un petit hommage à Marvin pour l'intro, et à David Gilmour pour le début du solo (Gilmour qui est lui aussi un fan de Hank, et qui possède une Strat 54 dont l'authenticité est très controversée, mais qui porte le N°0001 bien qu'elle soit de septembre). En référence au Dark side of the moon des Pink Floyd et à ma belle guitare, je trouvais le titre assez idiot de The pink side of Miss Daisy. Le titre plut et fut extrait en single à télécharger sur ITunes et autres sites, et atteint la 9ème place du Top 50 en France. Si ce ne fut pas tout à fait mon meilleur classement en ventes de singles (ni ma meilleure vente d'albums, mais ce n'était pas non plus le meilleur !!), ce fut sur la longueur ma meilleure vente dans ce format et en sonneries téléphoniques, et 4 ans plus tard, j'obtins fort laborieusement un disque d'or qui fut cependant l'un de ceux qui me fit le plus plaisir. Surtout, à la faveur d'une compilation éditée en 2013, ce titre eut les honneurs du fameux Billboard aux Etats-Unis, se classant au modeste N°86 de ce hit-parade légendaire (c'est ma minute « auto-satisfaction », mais bon, je me dois bien de remercier la Miss sur ce coup-là, hein !!).

En juin 2008, Hank fit des photos pour un article du magazine Guitar Extreme, et il me demanda s'il pouvait poser avec Miss Daisy. Je le rejoins et ce fut une belle journée.
Fender me glissa au passage qu'avec ses différents séjours dans les mains de Hank, la guitare avait vu sa valeur augmenter de plusieurs dizaines de milliers d'euros !! Ridicule – mais sans doute réaliste, hélas. Ces montants astronomiques ne me rendent pas fier – ils m'effraient.
La Miss a ses fans un peu partout. Bien des gens de tous horizons m'ont demandé à approcher l'objet culte ! Des amis bien sûr, et diverses personnes de ma profession, ou gravitant autour. L'animatrice de télé Sandra Lou, pour qui j'avais produit un petit single plutôt rigolo, a voulu elle aussi prendre la Miss dans ses bras, et les deux demoiselles ensemble font une bien jolie photo… Cindy Fabre, Miss France 2005, fit de même, et d'autres jolies personnes également. Dans un genre assez différent, mon ami Christian Prouteau – qui en dehors d'avoir notamment fondé le GIGN est un fou de guitare – est venu essayer la belle à la maison… Et il a fondu, lui aussi…
Pour Star Academy, la Miss eut droit à un transport spécial dans une immense – et très kitsch – limousine… rose !! Puis, elle fut la vedette, parmi une vingtaine de mes guitares, d'un documentaire sur la Stratocaster, dont j'avais été invité à écrire la partie technique et historique, et que je tournai pour Arte au musée Beaubourg. La belle était donc de retour au musée…

En 2009/2010, j'ai eu l'occasion de rassembler de nombreux artistes et techniciens lors de l'enregistrement de duos avec nombre de musiciens, pour mon album intitulé Out of the blues, où je me suis entouré de 24 invités, au profit de la lutte contre le sida. Je choisis, comme dans mon disque précédent, de faire toutes les parties de guitare électrique avec Miss Daisy.
J'ai enregistré les rythmiques avec de grands musiciens, comme André Ceccarelli, sans doute le plus grand batteur de jazz au monde. André a adoré le son de la guitare, et me disait sans arrêt que ces prises qui étaient témoins devaient être gardées au mixage, tant la guitare sonnait bien… Il avait raison, c'est ce que j'ai finalement fait, dans 90% des cas.
D'autres invités sont venus me rejoindre : en France, Louis Bertignac, Axel Bauer, Michael Jones, Paul Personne, Laurent Voulzy, Nono de Trust, MattRach, Fred Blondin, Anne Duucros. J'ai aussi eu l'envie de mettre un peu plus en lumière que d'habitude les grands musiciens de studio que sont Basile Leroux, Jean-Michel Kajdan, Pierre Chérèze, Crapou et Olivier Wursten-Olmos - d'immenses guitaristes qui officient avec ce que la planète compte de meilleur dans le monde des musiciens. Tous je crois ont eu l'occasion de me dire combien ils ont aimé passer un petit moment avec Miss Daisy. Avec Basile, nous en avons parlé des heures. Il possède lui aussi une Strat de 54, partiellement du moins, car la sienne n'a hélas plus ses micros d'origine, a été revernie et bricolée de diverses façons… Pour l'occasion, j'avais amené Lady Rose aussi, une seconde Strat 54 acquise depuis (qui est un modèle de série, la dernière complètement fabriquée en 1954, rare et fantastique également, et que j'ai rachetée à la star country américaine Hank Williams Jr). Basile, en fin connaisseur, était ému devant ces merveilles…
Côté anglo-saxons, j'ai eu le plaisir d'accueillir à mes côtés pour des duos les légendes que sont Hank Marvin, Albert Lee, Scott Henderson, Andy Powell, Jake Shimabukuro, et Ben Marvin – le fils de Hank – et tout ça a été un vrai Bonheur. A part Jake avec qui nous avons enregistré à distance, ils ont tous eu l'occasion – ils me l'avaient réclamée pour la plupart ! – d'admirer la Miss, et je les ai sentis aussi émus que je le suis encore aujourd'hui quand je joue de ce bel instrument, avec tout ce qu'elle représente d'histoire de ce simple morceau de bois qui tant contribué à l'un des plus grand phénomènes populaires du XXème siècle.
J'avais acheté deux nouveaux amplis : un Fender Twin Custom Shop reissue 1957, et un Fender Twin original de 1955, dégoté aux Etats-Unis. Le premier, celui qui était tout neuf, explosa 6 mois plus tard – et le vieux ne broncha jamais !

Avec Michael Jones, nous fûmes invité pour un bœuf sur dvd, avec le magazine Guitarist, et Michael, entre mon vieil ampli Twin et Miss Daisy, était aux anges….

En février 2011, lors de la remise du dvd de platine d'Out of the blues, le magazine de la chaîne Carrefour avait organisé un concours, où deux fans gagnaient la possibilité d'enregistrer leurs parties de guitare sur un titre de leur choix extrait de l'album. C'était une idée que j'avais eu, parce qu'à leur place, je rêverais très exactement de la même chose vis à vis de guitaristes que j'aime : jouer ensemble. Ce fut un joli moment, et Miss Daisy eut droit à tous les égards…
J'eux ensuite l'occasion, unique peut-être, de tester Miss Daisy en compagnie de deux autres Strat '54 – trois Strat 54 en même temps, c'est en tous cas plus que rare… L'une était ma chère Lady Rose, et une autre me fut prêtée par un collectionneur, qui l'avait acquise la veille sur mes conseils, à Londres. Les trois guitares sonnaient merveilleusement, mais la vérité m'oblige à dire ici que mon copain collectionneur fut un peu déstabilisé car il entendit, comme moi, que des trois, Miss Daisy sonnaient indéniablement le mieux. La différence avec Lady Rose était franchement subtile, mais plus marquée encore avec sa belle Strat, dans laquelle il venait d'investir une fortune… Il fut à la fois émerveillé et dépité !

Dans mon livre Légende de la Fender Stratocaster (que je conseille, beau, pas cher, tout ça tout ça…), Miss Daisy a l'honneur de quelques pages, et de la couverture. Je reçois beaucoup de courrier à son sujet depuis lors et je me surprends à l'admirer quand j'ai l'occasion de feuilleter l'ouvrage en question !

Au printemps, je fus appelé par Max Ruiz et Christian Séguret pour leur incroyable livre The Foxy Lady Project, qui réunit les plus belles guitares qui soient dans un ouvrage qui les présente… grandeur nature ! Je leur amenai 3 de mes plus belles Strat, mais dans le volume 1, seule Miss Daisy figure pour le moment. Elle est sur toutes les publicités, et un poster géant en a été tiré, que l'on peut acheter – pour une fortune hélas – dans des boutiques d'art. Très chic !
Gilles Devicq, éditeur du livre, a déclaré dans l'article « 10 guitares d'exception » du magazine Guitar Parts de novembre 2011 : "On en a trouvé [des guitares] quelques-unes hallucinantes, dont la Miss Daisy, qui est dans l'ouvrage, et qui est une guitare pré-série, presque un prototype de Strat".

Brian May, à qui j'avais demandé qu'il prêta sa belle guitare pour le livre lui aussi (ce qu'il accepta très gentiment), me dit alors qu'il aimerait bien aussi avoir la Miss entre les mains également. L'occasion allait se présenter quelques temps plus tard …
En juin 2012, Hank me fit le plaisir d'accepter de signer une édition spéciale du poster grandeur nature de la Miss, pour une vente aux enchères caritative que je lançais au profit de la SPA. J'y conviais quelques artistes qui me firent l'amitié de se joindre à moi (Jean-Jacques Goldman, Michael Jones, Nono, etc.). Je conviais même Jean-Paul Belmondo, via un extrait de film où il joue de la guitare, et dont il me signa une photo pour la vente. En mars 2013, Brian May me rejoint également, et fut ému de tenir Miss Daisy entre ses mains à Londres pour notre dédicace commune… En juillet suivant, il m'en parla encore à Paris – un amoureux des guitares, Brian, et décidément, Miss Daisy fait bien des ravages dans les cœurs !

J'ai ensuite tourné un documentaire en anglais sur la Stratocaster, où Miss Daisy tient la vedette, pour le plus grand plaisir semble-t-il des collectionneurs américains. Puis, on trouva une page consacrée à Miss Daisy dans le livre Guitares Vintage d'Antoine Pascal, et en couverture du magazine – sans rapport mais du même nom, ou presque – Guitare Vintage, agrémenté de quelques pages sur le sujet.
J'avais entre temps enregistré quelques autres titres, dont Philippine's Smiles, un hommage aux perpétuels sourires de ma fille adorée, morceau qui eut lui aussi les honneurs des hit-parades américains (section jazz seulement cette fois). Bref, en plus, Miss Daisy me porte bonheur ! Que demander de plus ?!

Quel succès pour cette Dame à l'âge désormais respectable. Tadeo, Freddie et Leo auraient-ils imaginé de tels égards pour leur création qui privilégiait l'aspect pratique et pas cher, plutôt que le raffinement de certains modèles concurrents ? Je suis certain que non. Ils ne pouvaient pas imaginer ce que cette belle guitare entraînerait dans son sillage… Une révolution culturelle mondiale, entre les mains de Buddy Holly, Hank Marvin, Jimi Hendrix, Eric Clapton, George Harrison, David Gilmour, Mark Knopfler, Jeff Beck et tant d'autres…

Miss Daisy a le charme, l'authenticité, la rareté, la perfection du son, le confort de jeu, l'histoire, le passé, le feeling… Bref, c'est un superbe objet qui est un instrument hors normes, et c'est avant tout le plaisir ultime pour un guitariste. Un bonheur que l'on ne croise qu'une fois dans une vie de musicien.
Merci Leo !

Jean-Pierre Danel – Décembre 2013
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